Dans les Pyrénées ariégeoises, Mai 2012
Tout d’abord, pour commencer, le temps : après plus de 3 semaines de pluie et de ciel couvert, quelle chance d’avoir pu accrocher juste pendant les 5 jours de notre séjour un petit anti-cyclone ensoleillé et bienveillant ! Au point de devoir sortir bien vite crèmes solaires, casquettes et chapeaux. Arlette, transformée en sénégalaise, a même décroché le premier prix de bronzage. Quant au timing (5 voitures et leurs 21 occupants + 2 déjà sur place), du jour du départ jusqu’à celui du retour, il a incontestablement rivalisé en exactitude avec l’horloge de Big Ben ! Mardi, par exemple, tout le monde est arrivé presque en même temps au village de vacances de Marc, situé à 1000 mètres d’altitude au pied du Montcalm dans les Pyrénées ariégeoises ! En début d’après-midi, après avoir déposé le gros des bagages dans les chambres, confortables et aérées, et nous être un peu emmêlés les pieds et les neurones dans les labyrinthes du bâtiment, nous procédons à la première mise en jambes “montagnarde” en remontant le torrent impétueux tout proche pour nous rendre aux cascades de l’Artigue.
Ah l’écume rafraichissante, grondante et tonifiante ! Rencontre du troisième type : 2 lézards de la taille d’une main, d’un vert très cascadeur lui aussi. Le lendemain matin, nous faisons connaissance avec nos deux guides, Thierry et Rémi, qui nous font découvrir un sentier à flanc de montagne, le chemin des Nobits : vue splendide sur le Montcalm enneigé (3077 mètres quand même) et traversée de deux hameaux de montagne, Sentenac et Orus. L’après-midi, le groupe se scinde en deux. Pendant que les uns se rendent à l’étang de Soulcem (en catalan, les lacs sont des “étangs” et les cols des “ports”) les autres suent pour atteindre le chemin des Prunadières, un sentier escarpé situé sur le versant opposé. Là, ils ont la chance de suivre le vol de deux gypaètes barbus, des vautours de grande envergure (2m70 pour 7 kgs) qui se nourrissent essentiellement d’os (même d’un calibre de 20 cm sur 3 !). Quant aux os trop volumineux, il les lâchent en vol sur des terrains pierreux, d’où leur nom espagnol de “quebrantahuesos”, les casseurs d’os. Deux autres espèces de vautours vivent également dans les Pyrénées : le vautour fauve, un charognard réintroduit, qui se nourrit essentiellement des parties molles des animaux en introduisant son long cou déplumé dans leurs orifices naturels et le percnoptère d’Égypte (1,60m pour 2 kgs), un migrateur de retour dans la région vers la mi-mars.
La survie des vautours est bien sûr liée au pastoralisme : ils suivent la transhumance des moutons, des vaches et des chevaux présents dans les estives de juin à octobre et sont pour ainsi dire les éboueurs de la montagne… Le lendemain, jeudi, nous grimpons tous ensemble jusqu’au refuge de Gaffouil et observons en chemin un groupe d’isards folâtrant dans la neige. Pique-nique près d’un névé, dont nous apprécions la fraicheur, et repos bien mérité. Pierre-Yves en profite pour démarrer facétieusement sa collection de gros-plans de têtes, casquettes et chapeaux dernier-cri ! Un groupe part en direction des orris de Casque (les orris sont un peu l’équivalent de nos garriottes et cazelles *) et l’autre s’achemine vers le cirque de Belcaire, un cirque glaciaire aux flancs neigeux d’où s’écoulent ruisseaux, cascades et torrents chantants. Petit bonjour à la marmotte de garde, qui nous a repérés, et qui pousse son cri d’avertissement strident. Thierry nous fait observer les galeries et les terriers que les campagnols ont creusés un peu partout. Que c’est beau ! Vendredi : c’est la journée lacs (pardon, étangs) pour tout le monde : étangs d’Izourt pour les uns et de Bassiès pour les autres : la marche d’approche pour ces derniers démarre par 4 kms de plat sur un aqueduc : plutôt inhabituel ! Au bout de 400 mètres, nous franchissons un gué récemment aménagé en cas de surcharge d’eau et d’inondation. Nous remontons 4 étangs, dont le premier et le quatrième constituent des “lacs” de barrage.
Parvenus au quatrième, nous découvrons un paysage polaire : de grandes plaques de glace flottent à la surface… Assis en contemplation au milieu de touffes de gentianes d’un bleu lumineux, nous ouvrons grand les yeux à la recherche de phoques et d’ours blancs… Retour par un sentier pierreux et raide. Les jambes fatiguées deviennent moins performantes, les langues se taisent, vivement “la maison”! Nous revoilà sur l’aqueduc, cela sent l’écurie, plus que quelques centaines de mètres… Mais la montagne en a décidé autrement : le gué aménagé, transformé en cascade, est devenu infranchissable : la neige des sommets a fondu sous la chaleur du soleil et s’y déverse en un flot bouillonnant ! Thierry, le guide, risque un pied puis l’autre et bat précipitamment en retraite avant de se faire emporter. Demi-tour toutes. Re-aqueduc. Marche à l’ombre, heureusement. Nous refaisons les presque 4 kms en sens inverse en pilotage automatique et nous enfilons dans un énième anti-sentier aussi raide que nos gosiers. Plein les pattes… Enfin nous déboulons sur une petite route privée d’EDF. Marie-France appelle Olga à la rescousse… Ouf, le portable passe. Et, un quart d’heure plus tard, c’est le miracle : parfaitement synchronisés, Olga et deux autres conducteurs arrivent au pont de Gers pour y ramasser la douzaine de corps morts qui s’écroulent dans les voitures. Retour au monde moderne. Que la civilisation a du bon ! Dur, dur pour certains ce soir-là de se propulser jusqu’à la miellerie du village ! Dans la salle d’école reconstituée à l’étage, nos instits à la retraite se “lâchent” soudain et jouent aux élèves turbulents. Samedi. Dernier jour. Nos guides-accompagnateurs sont repartis chez eux, nos 2 groupes n’en reforment plus qu’un. Nous retournons (pour certains) au lac de barrage – étang – de Soulcem où, dans des mares éparses en amont, nous observons quelques tritons alpestres. Visite des orris de Carla *) particulièrement bien conservés. Puis pique-nique sur la route du retour près d’un petit torrent où Christian et Jacques en profitent pour taquiner la truite. L’après-midi nous gravissons un bastion rocheux un peu vertigineux où sont implantées les ruines du château-fort de Montréal de Sos. Soirée bagages – vite faits – et apéritif d’adieu au cours desquels les organisateurs des randonnées (Pierre-Yves et Marie-France) et découvreurs du lieu (Arlette et Claude) sont remerciés. Bruno, le sympathique gérant du village de vacances, reçoit lui aussi des compliments bien mérités. Chacun d’entre nous a apprécié son sérieux et son humour et, surtout, son engagement communicatif pour la profession qu’il exerce. Dimanche, jour du départ. Une surprise nous attend au réveil : nos belles montagnes ont disparu derrière un épais écran de brouillard ! Pas idéal pour gravir le château cathare de Montségur – où 4 d’entre nous décident quand même d’aller – mais plutôt bien pour visiter la grotte de Niaux à 20 minutes de voiture du centre ! Pendant 2 heures, nous parcourons, fascinés, 800 mètres de galeries humides et… glissantes aux dimensions impressionnantes et parvenons au Salon Noir, chef d’oeuvre de l’art rupestre magdalénien. Puis ce sont les adieux. Les voitures et leurs cargaisons regagnent leurs pénates au rythme qui leur convient. Olga et ses passagers prolongent un peu les vacances en s’arrêtant pour déjeuner au pied du château de Foix. C’est la gaieté mais, à Cazals, un brin de nostalgie se fait sentir. Vivement les prochaines aventures ! Voir l’album-photos pour explications plus précises.
Mara GODDET